Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/189

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mes frappés que du sens des mots, & presque point des lettres qui les composent. Nous avons pourtant la perception de celles-ci ; puisque de cette perception dépendent nécessairement & la perception des mots & celle des idées qui leur sont attachées. Mais la perception des lettres est de la classe des perceptions foibles, & la perception des idées attachées aux mots est de la classe des perceptions vives. La perception des lettres devient une perception vive lorsqu’il se rencontre dans un mot une lettre mal conformée ou hors de sa place. Ce défaut ou ce dérangement donne à cette lettre une sorte de relief qui la fait saillir au-dessus des autres lettres du même mot.

Il n’est presque point de momens dans notre existence où nous n’ayions un grand nombre de perceptions foibles. Le seul état du corps, sa position, son attitude, la santé, la maladie, &c. En fournissent une multitude. Et quand on dit qu’on ne pense à rien, c’est précisément alors qu’on n’est affecté que de ces idées foibles qui ne donnent aucun exer-