Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que l’ame a des mouvemens qu’elle communique à son corps est par sa nature au rang des perceptions les plus foibles. L’état actuel de l’homme le comportoit ainsi. Ses idées, je veux dire, les impressions qu’il reçoit du dehors par le ministere des sens, les réflexions qu’il fait sur ces idées, leurs comparaisons, leur arrangement étoient & devoient être le principal objet de son attention. Cette attention est une force très-limitée, parce qu’elle réside dans un sujet qui est fort borné. Le partage l’affoiblit, l’exercice la fatigue. Si elle se dirige vers un objet particulier, c’est toujours en diminution de l’impression que les autres objets font sur l’ame. Mais tout a été sagement ordonné : l’attention se proportionne à l’importance des objets et aux rapports plus ou moins grands qu’ils soutiennent avec la conservation ou le bien-être de l’individu. Tant que les mouvemens du corps ne se rapportent pas directement à cette double fin, l’ame n’y fait aucune attention, parce qu’ils n’en exigent aucune. Elle n’a que le simple sentiment de ces mouvemens, & ce sentiment l’assure que son état demeure