Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/193

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timent de son action ; & je crois pouvoir le démontrer. Il est évident que l’ame a le sentiment du danger : elle ne peut avoir le sentiment du danger sans souhaiter de l’éviter : elle ne sauroit souhaiter de l’éviter sans agir en conséquence : elle ne sauroit agir en conséquence sans le sentir, puisque l’action est un moyen pour parvenir à une fin que l’ame connoît & qu’elle desire : le moyen est nécessairement lié à la fin. Mais dans ces sortes de cas l’ame voit, juge et agit avec tant de promptitude, que tout cela se confond, & qu’il n’y a de distinct que le jeu de la machine. Il faut y regarder de bien près et décomposer cette sensation pour s’assurer du vrai. Mais l’ame devoit-elle juger de ces sensations comme elle juge d’un théoreme ou d’un fait de physique ?

Nous avons cité l’exemple d’un musicien comme un des plus propres à éclaircir la question qui nous occupe : nous voyons à présent ce qu’il faut penser de cet exemple. Les notes sont dans la musique ce que les mots sont dans le discours. Le ton que représente une