Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/277

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de la roche, elle ne lui oppose que la souplesse de l’osier. Elle se laisse pénétrer jusqu’à un certain point ; elle cede avec mesure : elle prend un peu du mouvement afin d’en faire perdre. Elle détourne à propos tout ce qui pourroit augmenter l’effort du courant & grossir ses eaux. Elle parvient ainsi peu-à-peu à surmonter sa violence, à empêcher ses débordemens, à modérer sa pente, à changer la direction. Ce torrent qui menaçoit les campagnes, ne coule plus que pour les embellir & les fertiliser. Ses eaux terribles maniées par cet excellent ingénieur vont rendre à la société des services de tout genre. Elles vont remplacer une multitude de bras, animer une infinité de machines.

Ce n’est donc pas tant à détruire le tempérament vicieux, qu’à le contenir dans certaines limites & à faire une juste application de cette force, que l’éducation déploie son génie. Elle veut du mouvement : il est l’ame du monde. Elle redoute un repos, une inaction qui conduiroit à une funeste léthargie. Mais, elle ne redoute pas moins un trop grand mouvement, un