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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/119

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CHARLOT S’AMUSE

refusait, se plaignant avec des larmes que « bon ami le fît languir ». Fallait-il lui avouer quelles étaient criminelles, leurs tendres relations, qu’ils étaient immondes, leurs doux embrassements ? Il s’y serait décidé peut-être, dans un coup d’émotion, cédant à ce regain d’honnêteté que les baisers du petit faisaient parfois lever en lui, mais, à la dernière minute, il se retenait, farouche, prévoyant bien que sa tardive morale resterait inutile, incomprise, qu’elle le perdrait sans sauver l’enfant et, dans sa lâche faiblesse, se sentant envahi d’une jalousie féroce à l’idée que Bébé le remplacerait par Sulpice ou Hilarion. Et ce misérable, qui n’avait jamais approché une femme, éprouvait soudain les tortures raffinées et les douloureuses angoisses d’un amant apprenant que sa maîtresse cherche à le tromper. Alors, repris de son épouvantable aberration, cet être, presque émasculé, étreignait convulsivement sa victime sur sa poitrine, la baisant rageusement et inventant de nouvelles manœuvres sensuellement énervantes.

— Jure-moi, Bébé, mon Bébé, jure-moi que tu m’aimeras toujours, que tu n’en aimeras pas d’autres !…

Charlot jurait, heureux, inondé d’une félicité inouïe, puis, pour plaire à son-maître, redeve-