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CHARLOT S’AMUSE

cours avec l’impassibilité morne de son train-train mécanique et bien réglé. On aurait dit que rien d’extraordinaire ne s’était passé. Les quatre frères se rendirent à Saint-Laurent ainsi qu’ils le faisaient chaque matin, et communièrent côte à côte, au cours de la messe basse, car c’était leur jour. Posément, l’air calme, ils se parlaient chaque fois que les besoins du service les mettaient en présence les uns des autres. Au réfectoire, Eusèbe lut la vie de Sainte-Thérèse, s’interrompant seulement pour mordre son croûton, le bourdonnement des pieux entretiens et des dévôts commentaires de ses compagnons couvrant le bruit de ses mâchoires.

Charlot n’assistait pas au repas. À l’aube, il avait voulu sortir de sa chambrette et s’était trouvé enfermé. Hilarion lui porta lui-même à dîner et l’embrassa comme d’habitude, sans faire allusion aux scènes de la nuit. Le directeur voulait, en écartant le petit d’Origène par cette séquestration, se donner le temps de prendre un parti. L’école Saint-Barnabé venait en effet de rouvrir ses portes, l’épidémie ayant disparu. Il allait falloir y expédier l’enfant, et cette perspective effrayait le misérable. Le gamin était capable de parler à-bas. À son arrivée, le supérieur, frère Frumence, avec ses