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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/156

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CHARLOT S’AMUSE

qu’Isidore écoutait impassible, mais avec une légère flamme dans les yeux et un pli humide aux commissures des lèvres.

Quand il eut terminé, le directeur hocha la tête, cherchant ses mots et prit d’une troublante préoccupation à évoquer encore, pour les vivre lui-même, les scènes que ce gamin venait de lui décrire ingénûment. Ces ignorantins se permettaient décidément tout. Quelle règle facile ! Ils n’avaient point, eux, la cathédrale et l’évêché à leur porte, le presbytère à côté de leur école !

— Vous êtes bien coupable, mon enfant, balbutia-t-il enfin ; aussi, avant toute autre chose, je vais vous conduire à l’église. M. Choisel doit y être encore… Vous êtes à la veille de votre première communion ; vous répéterez au tribunal de la pénitence ce que vous venez de me dire… Allons, mon petit ami, essuyez vos yeux et récitez mentalement un acte de contrition : le repentir lave toutes les fautes…

Charlot pleurait plus fort. Une désillusion se mêlait à son chagrin et lui crevait le cœur. On le trouvait coupable à présent ; au lieu de le plaindre, on l’invitait à demander son pardon : il ne comprenait pas. Une colère précipitait plus violemment ses sanglots, remplissant d’une précoce amertume dans la confuse ré-