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CHARLOT S’AMUSE

et a voulu approfondir. Il savait. Il savait et il souffrait. Exaspérante, une torture le mordait dans une continuelle obsession. Lettré à présent, il la comparait mentalement au traditionnel remords que, dans la banalité creuse des romans romantiques dont se gavait Mlle de Closberry, il avait toujours découvert, « pieuvre implacable », s’attachant au traître, et ne le lâchant pas que ses crimes ne fussent punis pour la plus grande glorification de la morale.

Il y a du singe dans l’adolescent et l’imitation est endémique dans les écoles. Charles Duclos avait imité le traître promenant ses remords sans pouvoir les déposer quelque part, ainsi qu’un bossu sa bosse. Il était devenu excursionniste, battant les bois sans relâche de Saint-Dié à Gérardmer, et connaissant toutes les montagnes.

Il n’allait pas cependant jusqu’à s’identifier avec les Juifs-Errants du crime, ses héros. Il ne songeait à eux que lorsqu’inconsolé, il rentrait sentant son fardeau plus lourd, et se rendant compte qu’il ne s’en déchargerait jamais. De remords, il n’en éprouvait plus, le remords demandant, du reste, une énergie dont il manquait. Puis, à vrai dire, il ne se trouvait pas criminel, ayant mis au rancart, avec ses ter-