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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/188

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CHARLOT S’AMUSE

du nouveau serviteur qu’elle avait amené à l’autel.

Il ne contrariait pas ses plans d’avenir et promettait tout ce qu’elle voulait.

— Oui, bonne maman, je travaillerai bien et j’irai au séminaire.

Puis il la quittait, entendant des trompettes sonner dans la grande rue, et courait voir défiler les uhlans.

Lucien l’attendait à la porte. Tous deux partaient, battant la ville, colportant les nouvelles, visitant les cantonnements voisins, imaginant des niches aux soldats badois qui remplissaient Saint-Dié.

Un jour, le 6 octobre, on s’était battu, pendant dix heures, à quelques kilomètres de la ville, à la Burgonce. Ils avaient couru à Saint-Roch, et, toute la journée, ils étaient restés sur la butte, muets dans la trépidation roulante des coups de canon, et regardant, avec les lunettes que louait le père Isaac l’opticien, les régiments passer et repasser dans la plaine, autour des villages incendiés. Puis, c’étaient les blessés qu’on avait ramenés sur des charrettes et qu’on avait transportés dans des ambulances improvisées. Mlle de Closberry en avait recueilli trois, des mobiles, que le docteur Noël venait panser chaque matin. L’un d’eux était mort, le