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CHARLOT S’AMUSE

par le jeûne, dans la privation des caresses que lui prodiguait son ami. Et, à une récréation, il s’était enfermé dans l’étroite cabane bâtie au bout du préau des frères et dans laquelle, aux heures de classe, sans qu’aucun besoin les y poussât, les gamins se suivaient incessamment, heureux d’échapper pour dix minutes à leur maître. Depuis quelques mois, sa puberté naissante le tourmentait de son travail interne, et dans l’obscène curiosité de son enfance précoce, il contemplait à tout instant les signes extérieurs de ce changement qui s’opérait en lui. Cette fois-là, il s’était abandonné, éperdu, plus assoiffé que jamais des mystérieux plaisirs. Soudain, dans le frisson d’un long spasme, il s’apercevait qu’il était homme. Mais ce phénomène étrange, cette émission convulsive l’épouvantaient tout d’abord. Il éprouvait, une minute, l’effroyable crainte d’avoir contracté je ne sais quelle atroce maladie ; et, pâle, prêt à défaillir, une sueur glacée au front, il contemplait, cloué sur place, cette chose soudainement venue. Peu à peu, cependant, un travail se faisait en lui. Il se rappelait les explications de Leroy restées incomprises et qu’il n’avait pas osé lui faire répéter par peur de paraître trop ignorant, lui, le petit Parisien. C’était donc pour cela que le soir, sous la tonnelle, son