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CHARLOT S’AMUSE

écrivant sur tous les murs le fameux vers latin :

Ardeo quum video barbatum virginis antrum.

Et dessinant sur les marges de ses cahiers des silhouettes de femmes avec des hanches larges, des croupes puissantes et des tétons de nourrices. Pouah !…

Charlot, arrivé à cette page de sa vie, revoyait encore le large rire avec lequel son ami accueillait ses doléances. Bientôt l’ingrat couchait avec les servantes du voisinage, et l’abandonné fréquentait moins son ancien condisciple, ne l’appelant plus que son chaste Harmodius. Ç’avait été au fond pour lui un crève-cœur que cette transformation de leur liaison, mais il avait dissimulé au fuyard, par crainte de lui paraître ridicule, et parce qu’il l’aimait toujours d’une amitié dévote et fervente. Seulement, il avait avec indignation refusé de le suivre dans ses équipées amoureuses, et désormais sacrifié sans lui aux exigences de sa névrose. Enfin, son compagnon ayant atteint ses dix-huit ans, avait quitté Saint-Dié, et, depuis une année, il était au régiment.

Depuis un an déjà, le pauvre désespéré restait seul !… Oh ! cette année, c’était la plus cruelle ! Il avait quitté le collège, et fainéant, il nourris-