Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
CHARLOT S’AMUSE

rechute. D’abord, il en fut abasourdi, mais son cerveau, comme trop étroit pour deux idées, ne parvint à émettre qu’un sentiment de peur ; Charlot venait de voir la porte ouverte : on aurait pu le surprendre. Cette crainte lui amena de la sueur au front, et, sur le moment, il ne songea point aux conséquences de son nouvel abandon, tout entier seulement au danger qu’il venait de courir.

Quand le fourrier rentra, le malheureux commençait à peine à se rassurer, et le sous-officier lui ayant donné du travail, il se mit à remplir des états imprimés, et à écrire avec rage, précipitant sa besogne pour ne plus penser à rien. Cependant, la nuit venue, il ne put dormir et, assiégé de réflexions douloureuses, il se rendit compte de sa déchéance nouvelle, navré tout de suite, mais déjà sans forces contre les nouvelles attaques de sa névrose et n’osant se permettre à lui-même de réagir énergiquement. Même, il sentait, insensiblement, le remords de sa faute se fondre en un regret inavoué de n’avoir pas savouré longuement ce plaisir, dont il avait été sevré depuis trois mois, et d’être retombé inconsciemment, ainsi que dans un rêve, dont au réveil on pleure le rapide et passager bonheur.

Il se contint pourtant ce soir-là ; il appela le