Aller au contenu

Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
CHARLOT S’AMUSE

n’oserait pénétrer dans le bouge d’où il s’était si piteusement enfui. Devant sa répugnance à y entrer, un des troupiers s’offrit à aller chercher Camélia ; elle viendrait le rejoindre au café de Provence, à la limite du quartier.

Cinq minutes après, elle arrivait et, tout de suite, mettait à l’aise son amant malgré lui. Elle avait l’air d’un homme, déhanchée, avait des allures garçonnières, et portait un costume de matelot. Charlot avait dès les premiers mots recouvré sa bonne humeur ; à présent, il était même joyeux, comme il ne l’avait jamais encore été à Toulon. Cette fille l’amusait avec son bagout et ses souvenirs de voyage. À force de fréquenter des marins, elle s’était assimilé leur langage et s’imaginait, pour être allée en Algérie, les avoir suivis partout. C’était un bon camarade, une sorte de cantinière hommasse. On but plusieurs tournées, puis Charlot, ayant repris tout courage, la suivit dans sa chambre.

Il eut bien une palpitation quand elle se dévêtit, mais son angoisse s’envola vite. Ses désirs, que Camélia avait éveillés au café, persistèrent, lorsqu’elle vint se planter devant lui. Même, il n’avait plus aucun dégoût ; une confuse curiosité de la femme succédait à ses anciennes terreurs. Et il l’empoigna rageusement, roulant avec elle sur le lit.