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CHARLOT S’AMUSE

comprendre la honte qui faisait trembler la voix de l’ouvrier, elle ne songeait plus qu’à se préparer les moyens de le revoir.

— Monsieur Rémy, dit-elle, vous devriez bien garder Charlot avec vous. Il ne cesse pas de pleurer, le pauvre, et ça va être pis à la maison. Consolez-le un peu… Il faut le distraire, moi je ne pourrai pas, vous comprenez ?

Et elle eut un sanglot hypocrite, en feignant de s’essuyer les yeux.

— Voulez-vous ? dites ?… Vous me le ramènerez en rentrant…

Rémy hésita une seconde, mais l’enfant saisit sa grosse main, heureux de se retrouver avec son vieil ami, et le brave homme finit par consentir.

Tout de suite, il s’éloigna avec le gamin, sans se retourner, devinant que la veuve le suivait du regard. Il sentait revenir sa colère. Avant d’entrer chez le marchand de vin, il souleva de terre le gamin et, furieusement, l’embrassa sans mot dire, se soulageant avec cette grosse caresse. Puis, quand il fut installé avec l’équipe, au milieu des ouvriers qui adoraient le petit, il continua à le dorloter. Charlot, presque consolé dans cette atmosphère de tendresse, se serrait contre lui, souriant déjà,