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CHARLOT S’AMUSE

après laquelle battait son jeune cœur endolori. Il n’apercevait plus le frère Hilarion. Debout, l’œil perdu sur la porte par laquelle la veuve s’en était allée, le petit misérable songeait, sa tristesse se fondant dans un nouvel accès plus vif de curiosité maladive, et sa mémoire ne gardant comme écho des dernières paroles de sa mère que l’application tendre dont, sans y prendre garde, elle caressait à la fois ses amants et son fils.

— Venez, mon ami ! dit enfin le frère.

Charlot releva la tête, étonné d’abord, puis, sans une observation, suivit son nouveau maître, se sentant, avec la mobilité de son âge, à demi consolé déjà par la perspective d’une promenade à travers la maison. Même, il se surprit à sourire, s’amusant à dévisager son guide en dessous, cherchant ses ridicules en véritable gamin de Paris, mais repris peu à peu de tristesse à traverser les classes silencieuses, les grands corridors froids et sévères, et à monter les escaliers roides et poussiéreux.

Puis, c’était partout une odeur de renfermé dont la moisissure le serrait à la gorge affadissante, et complétant par une constriction de ses narines révoltées l’impression générale que lui causait ce grand bâtiment vide, avec ses murailles blanchies à la chaux, dont le nu