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CHARLOT S’AMUSE

de violentes senteurs masculines. Et l’enfant, dans un mouvement d’instinctive répulsion, s’écarta du frère que, pour toujours, il venait de prendre en horreur. Hilarion ne s’en aperçut pas. Il s’assit et mit Charlot entre ses genoux, l’interrogeant sur ce qu’il savait de catéchisme et, parfois, lui tapotant les joues de ses grosses mains froides. L’interrogatoire achevé, il l’attira contre sa poitrine et goulûment l’embrassa, ses yeux gris mi-clos, cherchant pour coller ses lèvres lippues le bourrelet de chair grasse et fine que l’enfant avait au cou, à l’ouverture du col, lorsqu’il dérobait la tête. Ses mains palpaient le corps du gamin, dans une caresse lente, méthodique, sûre d’elle-même, n’allant point jusqu’aux attouchements défendus, se bornant à une reconnaissance experte, calme comme un essai. Duclos n’en éprouva ni trouble, ni déplaisir. Les caresses du supérieur lui semblèrent naturelles, un peu trop prolongées peut-être, et il n’eut, en les recevant, qu’un frisson répulsif à voir le teint bilieux du directeur et les mille boutons qui pointillaient son visage. Frère Hilarion sembla deviner ses sentiments. La flamme qui avait un instant allumé son regard s’éteignit et il écarta doucement son nouvel élève, tout en fixant, surpris, les yeux battus et la pupille