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unie. On ne se soucia pas des reliures qui portaient l’empreinte de la personnalité d’un ancien possesseur, et des volumes splendides, couverts d’ornements de la Renaissance et provenant de la Chartreuse de Gaillon, furent vendus par lots, aux fripiers et aux ferrailleurs. C’étaient des volumes aux armes du cardinal de Bourbon, malgré lui roi de la Ligue. Ces actes de vandalisme sont fréquents, et le catalogue de la bibliothèque de M. Ch. Giraud atteste que la bibliothèque impériale de Vienne, en Autriche, a elle-même livré à l’encan des douzaines de volumes aux armes du prince Eugène de Savoie, bibliophile fameux autant qu’illustre général…


M. Dréolle ajoute que, si les auteurs de ces actes de vandalisme savaient ce que les reliures précieuses se vendent à Londres, au lieu de les détruire, ils les vendraient. L’Athenæum anglais de cette semaine annonçait des prix fabuleux.

M. Marionneau raconte qu’il existait à Bordeaux, dans la bibliothèque de la ville, un exemplaire des œuvres de Montaigne avec des notes de sa main. On a jugé à propos de lui donner une reliure neuve ; or, en rognant les marges, on a précisément ôté les annotations autographes… (Hilarité)…

M. Marionneau croit qu’il serait très-utile de populariser un peu le bon goût de ce côté, dans les départements : car, dans beaucoup de grandes villes, il n’y a que de mauvais relieurs. À Bordeaux, il n’y a pas un seul atelier de reliure où l’on sache exécuter un travail un peu soigné.


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caen, typ. de a. hardel.