Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/27

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PREFACE. XXIV

accomplir ses rêves ambitieux, et Henri de Béarn devenait l’héritier de la couronne. Cet événement ranima les haines des ligueurs qui, craignant de perdre l’influence qu’ils avaient eue jusqu’ici dans l’État, refusaient de reconnaître les droits futurs de ce prince hérétique. Henri III était au contraire tout disposé à se réconcilier avec le roi de Navarre. Il lui envoya le duc d’Épernon qui devait lui proposer les conditions les plus avantageuses s’il voulait se faire catholique et revenir à la Cour. Avant de prendre une décision si importante, Henri de Béarn voulut connaître l’opinion de ses conseillers. « Les avis furent fort partagés, nous dit Davila : Jean de Salignac et Antoine de Roquelaure, srs très attachés au roi de Navarre le pressaient vivement de se fier au Roi et de retourner à la Cour occuper la place qui lui appartenait. » C’était aussi le sentiment du roi de Navarre; mais il craignit de se rendre suspect aux réformés par cette réconciliation solennelle, et sachant que les ligueurs aveuglés par leur fanatisme ne changeraient aucunement leurs mauvaises dispositions à son égard, quelque chose qu’il fît, il se décida à rester en Gascogne, se contentant d’exprimer au Roi toute sa gratitude pour les propositions qui lui avaient été faites, et protestant de son entière fidélité au trône.

Cependant les Guise organisaient ouvertement la rébellion contre l’État, signaient le traité de Joinville, qui déclarait Henri de Navarre incapable de succéder au trône comme hérétique et relaps, et mettaient la Ligue sous la protection de l’Espagne. Puis ils ntraient en campagne, s’emparaient de plusieurs