Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/28

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PREFACE. XXV

villes, et, par leur audace, forçaient le Roi, qui jusque là était resté indécis, à se prononcer en leur faveur. Henri III allait commencer la guerre malgré lui et au profit des Guise qu’il considérait pourtant comme ses plus mortels ennemis. Cependant il entretenait des relations très affectueuses avec le roi de Navarre et ne lui dissimulait pas les embarras que lui causaient les menées des ligueurs. Celui-ci essayait de raffermir son courage ébranlé, le poussait à sévir contre les révoltés; lui offrait même de réunir leurs troupes contre l’ennemi commun. Puis impatient de connaître exactement les intentions du Roi, il confia au baron de Salignac le soin de s’en éclaircir : « Monseigneur », écrit-il au roi de France, « voyant les pratiques et sollicitations des auteurs des Ligues continuer et s’eschauffer plus que auparavant en ce gouvernement, j’ay pensé que je feray faulte à mon debvoir et au bien de vostre service, si je n’en donnois bien particulièrement advis à V. M. C’est pourquoy j’ay depesché le sr baron de Salignac, bien instruit de tout ce qui se passe par deça et que je connois importer à V. M. Sur lequel à ceste cause me remettant et vous supplyant très humblement de le croyre comme moy mesme, je vous diray seulement, Monseigneur, que j’ay conneu que leurs moyens seront beaucoup plus faibles que leur attente (1) ».

Le roi de Navarre prenant en même temps toutes les mesures nécessaires en cas d’une reprise des hostilités, chargea Salignac de porter ses ordres et

(1) Lettres missives de Henri IV, vol. II, p. 19 : mars 1585.