Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/36

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PRÉFACE. XXXIII

Malheureusement le roi de Navarre ne sut pas profiter de sa victoire. Il se contenta de mettre les provinces qu’il avait conquises sous la sauvegarde de ses lieutenants, et se retira en Gascogne sous prétexte de négocier le mariage de sa sœur avec le comte de Soissons.

La défaite des auxiliaires allemands à Vimory et à Auneau lui ayant enlevé tout espoir de secours immédiat, il se résigna à recommencer la vie aventureuse des sièges et des escarmouches.

Vers la fin de mars (1588), il résolut de reprendre Marans, qui était tombée aux mains de Lavardin. C’était une île entourée d’autres petits îlots formant ensemble comme un rempart autour de La Rochelle. Il fallait d’abord prendre les forts qui entouraient la ville de Marans, et ce fut là l’objectif de Henri de Béarn. Le 1er juillet il s’empara de l’îlot de Charron. Deux jours après il s’avança vers le fort de Clousy qui se trouvait séparé de Marans par un canal très profond creusé dans des prairies marécageuses. Pour pouvoir jeter un pont sur ce canal, il fallait affronter le feu de trois autres forts, ce qui rendait l’entreprise très périlleuse. Cependant le roi de Navarre voulut tenter l’expédition. Il donna ordre à ses galères de s’avancer en mer afin de canonner les forts, pendant qu’une troupe d’infanterie tournant l’île exécuterait une fausse attaque du côté opposé. Lui-même avec le reste de ses troupes se porta en avant, suivant dans l’eau le chemin qui avait été tracé au moyen d’herbes. Salignac fut chargé de conduire à l’escalade son régiment, qui, à cet effet, avait été muni des échelles et des engins nécessaires.