Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/37

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PRÉFACE. XXXIV

La canonnade retentit bientôt; et tout se passa plus facilement qu’on n’eût pu le prévoir; car les catholiques apercevant ce grand déploiement de forces commencèrent à perdre courage et à s’ébranler. Henri de Navarre en profita pour jeter son pont et faire passer ses troupes. Le fort de Clousy se rendit à discrétion. Les réformés, profitant de l’effroi des ennemis, marchèrent immédiatement sur Marans qui tomba en leur pouvoir, et les troupes catholiques, s’étant enfermées dans la citadelle, obtinrent au bout de quelques jours une capitulation honorable.

Cependant le roi de Navarre cherchait à se procurer les ressources qui lui étaient indispensables pour continuer la guerre. Depuis longtemps il était privé de ses pensions, il percevait difficilement les impôts dans ses pays souverains, et les provinces étaient tellement ruinées qu’elles pouvaient à peine nourrir ses troupes. « Henri III, dit Berger de Xivrey, avait accordé au roi de Navarre le produit de l’impôt sur les pastels, seul ingrédient employé à cette époque pour la teinture en bleu ». Une lettre de Henri de Béarn à M. de Scorbiac à Toulouse nous apprend que le Roi confia à Salignac le soin de parcourir le pays où l’on cultivait cette plante, afin d’en affermer de nouveau le produit à des prix plus rémunérateurs (1).

Pendant ce temps l’armée protestante ne restait pas inactive, elle avait fait de grands progrès en Saintonge et Poitou. Salignac, après avoir rempli la mission dont il avait été chargé, revint à son poste

(1)Lettres missives de Henri IV, vol. II, p. 373. – 30 mai 1588.