me livre une beauté africaine ; qui, tout enfant, me faisait rechercher les embrassements des noires, et rester froid aux caresses de nos blanches créoles. Oh ! qu’elle me parut belle ! elle était svelte, joyeuse et riante ; son teint était celui d’une sang mêlé, que méprisamment vous appelez mulâtresse ; ses traits étaient fins et profilés comme ceux d’une Arlésienne et son œil vif en amande. Autour de sa tête elle avait roulé avec grâce un turban de mousseline ; des pendants de corail se balançaient à ses oreilles ; un collier de ramina de Venise faisait une base d’or au galbe de son beau cou ; ses doigts effilés étaient prisonniers dans des anneaux précieux ; sa courte saya de cotonnade blanche découvrait ses jambes rondelettes et ses pieds de Cendrillon que ne chaussaient pourtant que de rustiques esparteñas espagnoles.
— Que fais-tu là ? lui dit-elle en relevant de sa main sa longue chevelure, et collant ses lèvres au front déprimé de Barraou. Toi, aujourd’hui, à cette heure, encore en pareil désordre ? tu me tourmentes, mon Jaquez, tu sembles chagrin, qu’as-tu donc ? partage-moi ta moindre peine, parle, sois confiant !