Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— À quel propos, lui demanda-t-elle, t’occuper de cette escopette ?

— Pour rien, mon amie, seulement pour enlever la rouille qui la ronge.

— Ah ! seulement pour enlever la rouille ; à quoi bon alors mettre cette pierre neuve ? Hélas ! Santa Virgen ! que fais-tu là ? de la poudre ! des balles ! voudrais-tu la charger ? C’est imprudence, non, je t’en prie ; il arrivera malheur, cette arme est à la portée de tout venant.

— Il arrivera malheur… peut-être !…

— Mais à quoi bon ? réponds-moi.

— À quoi bon ? tu veux savoir ? — Eh bien ! demain, je dois partir pour l’intérieur des terres, j’ai à faire des achats de bois ; des bandes de marrons infestent les routes ; je pense qu’il est bon de ne point marcher sans armes. — Amada, où est donc mon cuchillo ? il était là, je ne le retrouve plus.

— Le voici, mon bon, mais qu’avez-vous besoin de ce poignard sur vous ?… est-ce pour les marrons de demain ?…

— Plaise à Dieu !…

Après la bourrasque de Barraou, Amada, sans dire mot, acheva sa cuisine et prépara la