Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/105

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table de la cène. Pour lui, se promenant à grands pas devant la case, de temps en temps il regardait au loin avec un air d’impatience. Tout en s’occupant du ménage, Amada, intérieurement agitée et bouleversée, avait l’âme meurtrie de cent pensées diverses ; elle jetait cent conjectures, la plupart étranges et absurdes. Elle aurait donné sa plus belle nuitée de plaisir, ou son chapelet d’or indulgencié pour être au lendemain, ou pour lire au plus petit coin du cœur de Barraou. Souventes fois, elle laissait tomber de gros soupirs. — Alma de Dios ! protégez votre servante. Mon bon ange, arrêtez le bras de Barraou, comme vous retîntes le bras de notre père Abraham !…

Pablo trouva Juan Cazador prêt à partir pour la danse, et tirant avec transport quelques sons nasillards d’une mandoline fêlée.

— Mon maître m’envoie à votre grâce, lui dit-il, pour lui offrir ce tabac de la plantation royale, et pour l’inviter à souper ; il m’est enjoint de ne point repartir sans elle.

Cazador, joyeux et surpris, remercia Pablo de sa bonne visite, et se mit en route.

Chemin faisant, il ne pouvait contenir son hi-