Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/135

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j’accomplirai la mienne ; va !… Et, la repoussant de ses bras, elle s’enfuit brusquement de la galerie au salon.

Alderan resta comme abîmé quelques instants ; il blasphémait, il heurtait du pied, puis, subitement, il disparut dans la profondeur.

Pendant ce temps, la foule s’était accrue comme un étang par un orage. Le tumulte devenait de plus en plus intense et le bacchanal terrifiant. La populace avait repris sa première audace, et s’étant rapprochée peu à peu, elle riait sous la barbe des hallebardiers. Des imprécations, des cris de mort grondaient de nouveau ; on lançait des pierres dans les vitrages, on barbouillait les murs de sang de bœuf et de fiente ; quand, tout à coup, les groupes s’ouvrirent pour faire passage à une femme échevelée, qui hurlait comme un chien à la lune ; c’était la Torrija, la boulangère, qui venait réclamer son époux, et demander vengeance.

— C’est la Torrija, la boulangère, disait-on de toutes parts ; puis, la meute attendrie fit un long silence, et la Torrija sanglotait et poussait des rugissements.