Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/16

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Voici la pièce qui ouvre le recueil ; nous la citons préférablement parce qu’elle est pleine de douleur et d’une franchise rare, et qu’elle contient quelques circonstances de sa vie dont nous n’avons pu parler ; elle est adressée à un ami qui lui avait donné l’hospitalité, à ce qu’il paraîtrait, dans un temps où, comme Métastase, il n’avait pour abri que le ciel et le pavé.


Quand ton Pétrus ou ton Pierre
N’avait pas même une pierre
Pour se poser, l’œil tari ;
Un clou sur un mur avare
Pour suspendre sa guitare :
Tu me donnas un abri.

Tu me dis : – Viens, mon Rhapsode,
Viens chez moi finir ton ode ;
Car ton ciel n’est pas d’azur,
Ainsi que le ciel d’Homère
Ou du provençal trouvère ;
L’air est froid, le sol est dur.

Paris n’a point de bocage ;
Viens donc, je t’ouvre ma cage,
Où, pauvre, gaîment je vis ;
Viens, l’amitié nous rassemble,
Nous partagerons ensemble
Quelques grains de chènevis.