Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/212

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Son lien est une injuste et dure captivité ; que s’il advient d’avoir mal rencontré, s’être méconté au choix et au marché, et qu’on ait pris plus d’or que de chair, on demeure misérable toute sa vie. Quelle iniquité pourrait être plus grande, que pour une heure de fol marché, pour une faute faite sans malice et par mégarde, et bien souvent pour obéir, suivre l’avis d’autrui, l’on soit obligé à une peine perpétuelle ! Il vaudrait mieux se mettre la corde au col, et se jeter en la mer la tête la première pour finir ses jours bientôt, que de souffrir sans cesse à son côté la tempête d’une rage et manie, d’une bêtise opiniâtre et autres misérables conditions.

Celui qui a inventé le nœud du mariage a trouvé un bel et spécieux expédient, pour se venger des humains, une chausse-trappe ou un filet pour attraper les bêtes ; et puis les faire languir à petit feu.

Le mariage est une corruption et un abâtardissement des bons et rares esprits ; d’autant que les mignardises de la partie que l’on aime, l’affection des enfants, le soin de la maison et l’avancement de la famille, relâchent, détrem-