Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pent, ramollissent la vigueur du plus généreux esprit qui puisse être ; témoins, Samson, Salomon, Marc-Antoine ; au pis-aller, il ne faudrait marier que ceux qui ont plus de viande que d’âme, leur bailler la charge des choses petites et basses selon leur portée. Mais ceux qui, faibles de corps ont l’esprit grand, est-ce pas grand dommage de les enferrer et garrotter à la chair, comme l’on fait des bestiaux à l’étable ?

L’utile peut bien être du côté du mariage, mais l’honnêteté est de l’autre.

Il empêche de voyager parmi le monde, soit pour apprendre à se faire sage ou pour enseigner les autres à l’être, et publier ce qu’on sait ; il apoltronit et accroupit les bons esprits au giron d’une femme et autour des petits enfants.

— Assez, assez, maître Chastelart, assez, s’il vous plaît !

— C’est du tout un grand mal…

— Assez, assez, vous dis-je, maître Chastelart, vous m’étourdissez !… finissez cette capucinade !

— Humeurs débauchées, âmes turbulentes et détraquées, ne sont point propres à ce marché…