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Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/226

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revoir, ma passion née ex abrupto tombait de même.


Ah ! c’est bien grande souffrance que la rencontre d’un être sympathique qui vous capte, qui vous incline à lui ! On l’a vu au promenoir, au bal, en voyage, à l’église, on lui a jeté un regard, on a reçu une œillade, on l’a touché de la main, on a causé à la dérobée, on est épris, ravi, enveloppé, on s’est déjà façonné un avenir, c’est déjà de l’amour, de l’amour enraciné ; le temps de pousser un soupir, ou de regarder le ciel, cet être s’est envolé comme un oiseau, l’apparition s’est éteinte, et l’on reste atterré, anéanti par la commotion. Pour moi, cette pensée qu’on ne reverra jamais cet éclair qui nous a éblouis, cette femme, amie spontanée, notre pierre de touche ; que deux existences, faites l’une pour l’autre, pour être adouées, pour être heureuses ensemble en cette vie et dans l’éternité, sont à jamais écartées, et se traîneront peut-être malheureuses sans plus retrouver jamais d’âme qui leur agrée, d’esprit et de cœur à leur taille ; pour moi, cette pensée est profondément douloureuse.