Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/232

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jeune fille qui se hâtait, je crus reconnaître son erre, je m’approchai, c’était Dina ! Cependant, je n’osais me l’affirmer, ni l’accoster cavalièrement. Je la suivis à quelques pas en arrière et l’appelant plusieurs fois, à demi-voix, Dina ! Dina ! elle se retourna et me salua sans me reconnaître, je l’abordai tremblant : — Noble damoiselle, vous rappelez-vous, lui dis-je, ce jeune homme qui, à Avignon sur le rempart, un soir de sérénade, adressa la parole à messire votre père et que vous remerciâtes de son accortise ?

— Quoi ! c’est vous ?… dit-elle, émue, posant sa main sur mon bras, le front rouge et baissé, fixant les dalles du parvis.

— Ô belle Dina, que je suis heureux de vous rencontrer ! ne me repoussez pas, laissez-moi épancher tout ce qui s’est amassé de souffrances en mon cœur depuis l’heure où je vous vis, où je perdis tout repos ; vous avez fait jaillir en moi un amour subit, une passion violente.

J’épiai la fin de la sérénade pour vous suivre jusqu’à votre demeure, dans l’espoir de pouvoir un jour vous avouer mon amour ; j’attendais dans le trouble de l’heure du départ ; mais vous