Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/245

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point noir et son fauteuil, devant une table couverte d’une tapisserie de Bergame, sur laquelle était posée une bible in-folio, garnie de fermoirs, lisait hautement et solennellement un passage de l’Exode.

Léa, son épouse, vêtue de ses plus beaux atours était à sa gauche ; la peau brune de son cou et de ses mains se confondait presque avec sa robe de moire Cap de More ; ses cils et ses sourcils alezans, drus et longs, voilaient ses yeux qui étincelaient comme à travers un treillis ; son nez en bec de corbin formait un promontoire anguleux qui morcelait en deux lots la superficie de sa face en lame de coutelas ; mais après tout, dans sa personne, il régnait un air digne et affable, et le son de sa voix doux et melliflu captivait.

Non loin d’elle, était un groupe d’hommes et de femmes ; leur costume semi-oriental, leurs têtes caractéristiques coiffées de turbans bâtards, sentaient fort la Mésopotamie. C’étaient les proches et alliés de Judas venus pour assister aux fiançailles et signer au contrat. Je ne sais s’ils étaient talmudistes ou caraïtes, mais, en revanche, je puis affirmer qu’ils prétendaient