Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/254

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Judas, imposant alors ses deux mains sur la tête de son gendre, lut plusieurs passages de la sainte Bible, récita plusieurs prières en hébreu, puis ajouta d’une voix haute : — Mon fils, je te bénis au nom du Dieu d’Israël, je te bénis comme Isaac et Esaü ; que ta postérité soit nombreuse, que ta postérité soit un peuple, et que le Très-Haut, Seigneur Dieu d’Israël, habite en toi et ta postérité !

Lève-toi, mon fils, tu ne dévieras point, car Dieu t’obombrera et marchera avec toi.

Aymar pleurait : il couvrit de baisers les mains et la barbe blanche de Judas, s’arracha des bras de Dina et de Léa qui sanglotaient.

Aymar n’y tenait plus.

— Adieu ! adieu !… Partons, Chastelart ; vite, partons !…

Sur le quai, à la faveur du falot que portait le laquais, on vit briller quelques écus dans la main de Rochegude ; puis, à la faveur du silence, on entendit s’échapper de l’escarcelle de maître Bonaventure Chastelart, un gros soupir, sincopé, argentin.