Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/329

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aussitôt ici, chez moi ; dites-lui simplement que je suis dans mon jour à néant.

Ce domestique ne parut point étonné de tout cet apprêt, cette illumination, cette hâte ; il fit tout ce qui lui était ordonné, comme une chose d’un service journalier, ordinaire.

Effectivement, tout ceci n’avait rien de neuf : c’était une des mille bizarreries de Passereau, et celle qui se répétait le plus souvent. D’une organisation nerveuse, impressionnable, irritable, dès que l’atmosphère n’était pas élevée, le ciel serein, le soleil éclatant et chaleureux, il souffrait profondément. C’était un climat chaud, un air pur, un sol brûlant qui lui convenaient : c’était Marseille, Nice, Antibes, un soleil espagnol, une vie italienne !… Aussi, se chagrinait-il d’être contraint à habiter la ville capitalement brumeuse, aqueuse, boueuse, froide, sale, infecte, morfondue, et n’aspirait-il qu’à recevoir ses grades pour l’abandonner à tout jamais ; son rêve était de s’expatrier, et d’aller s’établir à la Colombie, à Panama.

Or donc, les jours pluvieux, lourds et bas, les temps de bise, de brouillard, de bruine, il tombait dans le marasme, il soupirait va-