Aller au contenu

Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guement, il s’ennuyait, il pleurait, dans une apathie désespérante ; tout son refrain était : la vie est bien amère et la tombe est sereine ; à bas la vie !…

C’est alors qu’il appelait le néant à cor et à cri. — Il n’y a que trois choses à faire, disait-il, en ce moment, trois choses qui, toutes trois, anéantissent : s’enivrer à mort, dormir sans rêve ou se tuer : enivrons-nous et dormons. Pour se tuer, il faudrait faire plus d’efforts que je ne suis disposé à en faire à cette heure ; nous verrons plus tard. — Je ne veux plus de ce jour stupide ; fermons volets et fenêtres, du feu ! des lumières ! du maryland et du ponche !… — Laurent, vous m’entretiendrez de vivres, et viendrez me voir de temps en temps. Sitôt que le soleil reparaîtra, et que la vie sera belle, vous viendrez ouvrir mes croisées et m’avertir.

Quelquefois, le mauvais temps ayant été continu, il était resté près d’un mois ainsi cloîtré, entouré perpétuellement de lampes, de flambeaux, inondé d’un jour splendide artificiel ; lisant, écrivant parfois, mais, le plus souvent, dans l’ivresse et le sommeil. Sa porte était con-