Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/331

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damnée, sauf à Albert, qui, assez volontiers, venait se coffrer avec lui ; non pas mu par le même délire, la même souffrance, la même désolation, mais pour l’originalité du fait, pour prendre un peu la vie à rebrousse-poil et parodier celle bourgeoise rectiligne ; et par-dessus tout, alléché par le ponche et le cigarret, pour lesquels Albert avait une foi religieuse, une conviction profonde, une considération très distinguée.

Les jours à néant de Passereau n’étaient pas toujours l’effet de brume, de pluie et de temps noir ; souvent, comme en ce cas, ils provenaient d’ennui, de contrariété et de chagrin.

Tout à coup, des pas précipités, des roulades, des éclats de rire dans l’escalier annoncèrent la venue d’Albert.

— Bonjour, mon vieux Passereau, nous sommes donc dans un jour à néant ? Ce matin, je l’avais pressenti à ta sombre mine : en somme, cela me va assez bien ; car, à te dire franchement, quoiqu’il soit dans mon usage de prendre tout assez légèrement, j’ai encore sur l’estomac l’aventure de ce matin ; je ne suis pas fâché de la submerger un peu.

— Ah ! mon pauvre Albert, si tu as l’aven-