Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/340

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Battu par un grain de vent et par une pluie tombant sans interruption, vrai stoch-fisch détrempé aux frais du ciel, voilà notre carabin, heurtant à l’huis clos d’une maison bordant la ruelle étriquée et déserte de Saint-Jean ou Saint-Nicolas, en contrebas des boulevarts Saint-Martin. Le pauvre diable ruisselait l’eau comme un pot qu’on renverse. Il avait traversé la ville, lui, si hydrophobe, tête basse, sans faire nulle attention aux douches qui l’arrosaient. Les passants riaient aux éclats de le voir ainsi patrouiller, avec la componction et l’impassibilité d’un derviche, il n’entendait rien ; il traversait à pied ferme les torrents et les gaves qui se trouvaient en son itinéraire, quitte à en avoir jusqu’à la bifurcation du torse, et quelquefois, il déclamait avec transport ces vers si connus d’Hernani :

 
Ah ! quand l’amour jaloux bouillonne dans nos têtes,
Quand notre cœur se gonfle et s’emplit de tempêtes,
Qu’importe ce que peut un nuage des airs
Nous jeter en passant de tempête et d’éclairs !


Après qu’il eut eu une assez longue entrevue avec la porte, on ouvrit enfin.