Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/368

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surtout la nuit ? N’entendre rien dans les ténèbres qui vous environnent ; n’avoir que des broussailles et des pierres autour de soi ; et, dans ce silence profond, écouter les palpitations d’un cœur qui répond aux battements du vôtre, d’un cœur qui ne palpite que pour vous ! Au milieu de toute cette morne et indifférente nature presser dans ses bras un être tout de feu, pour lequel on a oublié tous les autres, qui vous enivre des baisers de sa bouche amère et condamnée à tout autre ! qui vous endort sous ses caresses magnétiques !

— Ô mon Passereau, c’est une pâmoison ! J’ignorais tout le charme du silence des champs ; c’est la première fois que, sous le ciel, je cause d’amour avec celui que j’aime. — Tu sais, nous nous tenions toujours enfermés ; oh ! que cela vaut mieux que quatre murailles !

— Si l’un à l’autre fidèles nous vieillissons, quand nous serons proches de la tombe, avec quelle joie nous compterons cette nuit dans nos belles souvenances ; car notre liaison n’est pas une liaison d’un jour.

— Union, constance pour la vie !

— Avant peu, mon oncle, mon tuteur, va