Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/371

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ques paroles qu’on aura débitées te changent tant et si subitement à mon égard, et te jettent dans un pareil trouble.

— On m’a dit que tu étais volage, mais je t’affirme que cela ne me trouble point.

— C’est peu libéral de ta part. On viendrait faire sur toi les rapports les plus admissibles, comme les plus honteux, je ne voudrais pas même les entendre. Tu n’as pas de confiance en moi, Passereau !

— Si, si, ma belle, je t’apprécie.

— Moi, ton amie, moi te tromper, jamais ! mais je t’aime, je t’aime au-dessus de tout ! Passereau, tu es mon Dieu ! Nous sommes liés l’un à l’autre par un serment plus sacré que tous les serments faits à la face des hommes ; et je trahirais ce serment, moi ! peux-tu croire cela, Passereau ? Ingrat ; injuste, tu m’outrages ! — Que t’ai-je donc fait ? qui a pu m’avilir à tes yeux ? je suis une femme d’honneur, Passereau, saches-le ! Mais quel infâme a pu m’accuser de libertinage !… Moi, cloîtrée, retirée, n’usant pas de la liberté que généreusement tu me laisses ; non, non, Passereau, crois-moi, je suis digne de toi, je suis innocente ! j’en prends le