Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/404

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Le mien, c’est un serment juré à une femme, à une femme forte ; un jour, qu’épuisés tous deux, étreints, confondus, mon visage caché sous ses cheveux blonds que ma bouche mâchait et dont j’aimais à me voiler ; nous creusions profondément le passé, nous causions de nos malheurs, de nos amours, veux-je dire, car nos amours ont été affreuses, car mon amour est fatale, car je suis funeste comme un gibet ! Pauvre fille, à qui t’étais-tu donnée !… Oh ! que tu as souffert à cause de moi !… J’ai été bien injuste !…

Qu’ils viennent donc les imposteurs, que je les étrangle ! les fourbes qui chantent l’amour, qui le guirlandent et le mirlitonnent, qui le font un enfant joufflu, joufflu de jouissances, qu’ils viennent donc, les imposteurs, que je les étrangle ! Chanter l’amour !… pour moi, l’amour, c’est de la haine, des gémissements, des cris, de la honte, du deuil, du fer, des larmes, du sang, des cadavres, des ossements, des remords, je n’en ai pas connu d’autre !… Allons, roses pastoureaux, chantez donc l’amour, dérision ! mascarade amère !

Alors, cette pauvre femme, ponctuant ses