Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/417

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amour, amaranthe immortelle, qui ne se flétrit point, elle t’ornerait encore. Mère, tu aurais un enfant passionné dans tes bras ; mon sang, mes baisers chaleureux rappelleraient ta vie qui s’en va ; tu aurais eu jusqu’au bout un compatissant appui ; ma jeunesse aurait obombré ton âge, et mon bras puni le rieur qui aurait levé ton voile.

Que sont-ils devenus tous tes beaux muguets, amants charnels, que sont-ils devenus ?… À peine se rappelleraient-ils ton nom. Vrais cosaques à cheval, ces hommes auxquels tu t’es livrée t’ont jeté leur passion nomade ; ils t’ont butinée sur leur chemin. Pauvre femme ! insensée ! voilà donc les amis que tu te préparais pour le retour. Souffre, souffre maintenant ; il est bien juste que je sois vengé, j’ai tant souffert ! Maintenant, peut-être, tes joues que nul baiser ne ravive sont mouillées de pleurs, tu languis solitaire, et cette solitude inaccoutumée te mine ; peut-être en es-tu réduite, quel abaissement ! à faire des minauderies à de jeunes hommes qui te repoussent et te tournent le dos. Quand tu veux parler d’amour, on ricane. Souffre, souffre long-temps, que je sois bien vengé ! Inconcevable passion,