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Page:Borel - Gottfried Wolfgang, 1941.djvu/12

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véritable enthousiasme possède une élégance particulière à laquelle on ne peut se méprendre. La femme de l’échafaud se confia implicitemment à la protection de Gottfried.

L’orage avait perdu de son intensité, le tonnerre ne grondait plus que dans l’éloignement. Tout Paris était encore dans le repos, le grand volcan des passions humaines sommeillait pour quelques instants, afin de rassembler de nouvelles forces pour l’éruption du lendemain.

Nos deux héros marchèrent ensemble pendant plus d’une heure : Gottfried soutenait les pas chancelants de sa compagne, et tous deux gardaient un religieux silence. Enfin, après avoir longé les murs sombres de la Sorbonne, ils arrivèrent au bout de leur course à l’étroite et antique masure, demeure de l’étudiant. — Wolfgang l’anachorète, dans la compagnie d’une femme ! À ce spectacle extraordinaire, le vieux concierge qui s’était levé pour ouvrir resta dans un étonnement indicible.

Comme il entrait dans son logement, notre jeune Allemand rougit pour la première fois à la pensée de sa misérable apparence. Il n’avait qu’une seule chambre, assez grande à la vérité, mais encombrée de l’arsenal ordinaire de l’étudiant ; le lit occupait un réduit profond à l’une des extrémités de la pièce.

Gottfried pouvait alors contempler à loisir sa com-