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Page:Borel - Gottfried Wolfgang, 1941.djvu/13

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pagne. Il se sentit plus que jamais enivré de sa beauté. Son teint, d’une blancheur éblouissante, était comme relevé par une profusion de cheveux noirs comme du jais, qui flottaient négligemment sur l’ivoire de ses épaules. Ses yeux étaient grands et pleins d’éclat ; mais on remarquait dans leur expression quelque chose de hagard. Sa taille, autant que son vêtement noir permettait d’en juger, était d’une forme parfaite. L’ensemble de son extérieur était extrêmement noble et distingué, en dépit de la simplicité de sa mise. La seule chose qu’elle portât, ayant quelque apparence de luxe ou de parure, était une large bande de velours noir, une sorte de cravate, agrafée avec des diamants.

Cependant l’étudiant se trouvait quelque peu embarrassé sur le moyen d’exercer convenablement l’hospitalité avec l’être infortuné qu’il avait pris sous sa protection. Il avait bien pensé à lui abandonner sa chambre et à aller chercher pour lui-même un autre abri ; mais il était tellement fasciné ; mais son esprit et ses sens étaient sous l’empire d’un charme si puissant, qu’il ne pouvait s’arracher à sa présence. D’un autre côté, la conduite de l’inconnue contribuait à le retenir. Elle paraissait avoir oublié sa douleur et les effroyables circonstances auxquelles Wolfgang devait sa rencontre. Les attentions du jeune homme, après avoir gagné sa confiance, avaient