Page:Borel - Madame Putiphar, 1877.djvu/39

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Sur la terre on est mal, sous la terre on est bien ;
Là, nul plaisir rongeur, là, nulle amitié fausse. —
Là, point d’ambition, point d’espoir déçu… — Rien !…
Là, rien, rien, le néant !… une absence, une foudre
Morte, une mer sans fond, un vide sans écho !… —
Viens te dis-je !… A ma voix tu crouleras en poudre
Comme au son des buccins les murs de Jéricho !

Ainsi, depuis longtemps, s’entre-choque et se taille
Cet infernal trio, — ces trois fiers spadassins :
Ils ont pris, — les méchans, — pour leur champ de bataille
Mon pauvre cœur, meutri sous leurs coups assassins,
Mon pauvre cœur navré, qui s’affaisse et se broie,
Douteur, religieux, fou, mondain, mécréant !
Quand finira la lutte, et qui m’aura pour proie —
Dieu le sait ! — du Désert, du Monde, ou du Néant ?