Page:Borel - Madame Putiphar, 1877.djvu/45

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II.

MYLORD, venez donc au balcon : le beau soleil couchant ! Ah, vous êtes fortuné, mylord ! tout jusques au ciel morne qui se fait votre vassal et porte votre écusson au flanc. Regardez à l’occident ; ces trois longues nuées éclatantes ne semblent-elles pas vos trois fasces d’or horizontales ? et le soleil, votre basant d’or, au champ d’azur de votre écu ?

— Mylady, vous semez mal à propos votre bel esprit : vous voulez, suivant votre coutume, détourner une conversation qui vous pèse, par un incident, par quelque mignardise ; mais, vous le savez, je ne me laisse pas piper à vos pipeaux, et vous m’écouterez jusqu’au bout.

Je vous disois donc que si vous n’y prenez garde il arrivera malheur à votre fille. Je vous disois que dès l’origine j’avois prévu tout ce qui est survenu, que j’avois pressenti ce que vous auriez dû pressentir ; et ce que toute autre mère à votre place eût pressenti. Vos flatteurs vous appellent naïve, mais vous êtes obtuse. Comme un nouveau-né, vous ignorez toutes bienséances. Sur mon épée, madame ! vous n’avez de noble que mon nom.