Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/118

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Paris n’eut citoyens plus beaux,
Tous agissants comme des ombres,
Muets, dans de sanglants décombres,
Sanglants, fossoyant des tombeaux.

Pas une lueur, pas un cierge,
Plus sombre qu’une forêt vierge
Paris est un affreux chaos,
Où, lorsqu’un de tes rayons glisse,
Il éclaire un mur, une lice,
Rouges du sang de ses héros ;

Ou caresse un cadavre hâve,
Au crâne entrouvert, à l’œil cave,
Broyé sous un flot de pavés,
Nu ; les dépouilles des infâmes
Sont promenés en oriflammes
Au haut des sabres abreuvés.

Puis, parfois, ce profond silence,
Heurté, rompu par une lance,
Des haches, des poignards croisés,
Par le cri de la sentinelle,
Ou par la fuite d’un rebelle
À travers les casques brisés.