Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/129

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Nous savons ce que peut notre main si puissante ;
Nous savons qu’en trois jours un roi s’anéantit ;
Mais, ivres des trois jours, nous dormions sous la tente
Quand un sceptre de plomb sur nous s’appesantit.
Oui ! trop tôt nous avons déserté la mêlée,
Rengainé notre fer et suspendu nos coups.
Déjà la liberté, loin de nous exilée,
Pleure en nous évoquant ! Gaulois, éveillons-nous…

En avant, compagnons ! plus terribles, plus braves
                         Que Bayard et Roland ;
Vous serez libres, rois, et vous êtes esclaves !
                         Compagnons, en avant !

Ils ont dans leurs réseaux pris l’Homme Séculaire,
Et couvert son front pur de baisers mensongers ;
S’ombrageant d’un manteau, qu’ils savaient populaire,
Pour s’ouvrir dans nos rangs un chemin sans dangers.
Reprenons notre idole, et frappons ses faux prêtres
Qui couvent leurs desseins sous des masques amis.
Ceux qui sont contre nous, Gaulois, ce sont des traîtres !
Ceux qui ne suivront point, ce sont des ennemis !

En avant, compagnons ! plus terribles, plus braves
                         Que Bayard et Roland ;
Vous serez libres, rois, et vous êtes esclaves !
                         Compagnons, en avant !