Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/19

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quées de consomption. Si j’ai pris plaisir à étaler ma pauvreté, c’est parce que nos bardes contemporains me puent avec leurs prétendus poëmes et luxes pachaliques, leur galbe aristocrate, leurs momeries ecclésiastiques et leurs sonnets à manchettes ; à les entendre, on croirait les voir un cilice ou des armoiries au flanc, un rosaire ou un émerillon au poing. On croirait voir les hautes dames de leurs pensées, leurs vicomtesses… Leurs vicomtesses !… dites donc plutôt leurs buandières !

Si je suis resté obscur et ignoré ; si jamais personne n’a tympanisé pour moi, si je n’ai jamais été appelé aiglon ou cygne ; en revanche, je n’ai jamais été le paillasse d’aucun ; je n’ai jamais tambouriné pour amasser la foule autour d’un maître, nul ne peut me dire son apprenti.

Assurément la bourgeoisie ne sera point effarouchée des noms à dédicace qu’elle rencontrera dans ce volume ; simplement, ce sont tous jeunes gens, comme moi, de cœur et de courage, avec lesquels je grandis, que j’aime tous ! Ce sont eux qui font disparaître pour moi la