Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/18

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on y revient toujours, on ne peut s’en détacher ; c’est que, sérieusement, une nouvelle ère ne date, pour le poète qui sérieusement prend un long essor, que du jour où il tombe au jour : il faut au peintre l’exposition, il faut au barde l’impression.

Ceux qui liront mon livre me connaîtront : peut-être est-il au-dessous de moi, mais il est bien moi ; je ne l’ai point fait pour le faire, je n’ai rien déguisé ; c’est un tout, un ensemble, corollairement juxtaposé, de cris de douleur et de joie jetés au milieu d’une enfance rarement dissipée, souvent détournée et toujours misérable. Si parfois on le trouve positif et commun, si rarement il rase les cieux, il faut s’en prendre à ma position, qui n’a rien de célestin. La réalité me donne toujours le bras ; le besoin est toujours là pour m’atterrer, quand je veux prendre mon escousse.

Je ne suis ni cynique, ni bégueule : je dis ce qui est vrai ; pour m’arracher une plainte, il faut que mon mal soit bien cuisant ; jamais je ne me suis mélancolié à l’usage des dames atta-