Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/41

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Dors, mon bon poignard, dors, vieux compagnon fidèle,
Dors, bercé dans ma main, patriote trésor !
Tu dois être bien las ? sur toi le sang ruissèle,
Et du choc de cent coups ta lame vibre encor !

Aujourd’hui, ta vengeance est nourrie ; une proie
A roulé devant toi sur la place… est-ce pas ?
C’est bonheur de frapper un tyran ? et, de joie
Crier entre ses os, d’y clouer le trépas !

Dors, mon bon poignard, dors, vieux compagnon fidèle,
Dors ! bercé dans ma main, patriote trésor !
Tu dois être bien las ? sur toi le sang ruissèle,
Et du choc de cent coups ta lame vibre encor !

La mort d’un oppresseur, va, ne peut être un crime :
On m’enchaîna petit, grand j’ai rompu mes fers.
Le peuple a son réveil ; malheur à qui l’opprime !
Il mesure sa haine au joug, aux maux soufferts.

Dors, mon bon poignard, dors, vieux compagnon fidèle,
Dors, bercé dans ma main, patriote trésor !
Tu dois être bien las ! sur toi le sang ruissèle,
Et du choc de cent coups ta lame vibre encor !

Tiens ! vois-tu ce bonnet penché sur ma crinière ?
Dans le sang d’un espion trois fois je l’ai jeté :