Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le cœur bouillant de vie est si peu soucieux !
Aussi ce jeune peintre, à ce que l’on raconte,
En souriait tout bas, n’en tenant aucun compte,
                Et s’éloigna silencieux.

Mais tout près d’Oletta sa peur est éveillée :
Il entend quelque bruit. C’est, dit-il, la feuillée.
Mais une lame a lui parmi les oliviers ?…
Suis-je enfant de trembler ! c’est un follet qui passe,
Et ce long frôlement, et ce bruit de voix basse,
                C’est le murmure des viviers. —

À peine replongé dans quelque rêverie,
Il tomba sous le plomb d’une mousqueterie.
À son cri déchirant répond un rire affreux ;
Puis un homme accouru l’achève avec furie. —
Enfer ! qu’ai-je donc fait ? je me trompe de vie !
                Ce n’est pas Viterbi le vieux ! —

La rage dans le cœur, il brise son épée,
Et disparaît soudain sous la roche escarpée…
Le passant matinal ne vit le lendemain,
Qu’un manteau teint de sang, des lambeaux de peinture,
Des ossements rongés, effroyable pâture !
                Un crâne épars sur le chemin.